rian De Palma pratique beaucoup l'art de la citation. Cela n'empêche pas au public d'apprécier ses films, aussi bien les spectateurs non familiers des œuvres de Kubrick, d'Eisenstein ou de Hawks, que les cinéphiles qui y reconnaîtront un langage familier. La critique c'est autre chose. Relativement dure envers lui, la presse ciné lui fera subir de longues années d'assauts répétés.

Body Double (1984)

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Mission: Impossible (1996)

 

 

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Mais De Palma continue, allant même plus loin. Il reprend des trames d'autres films comme Blow-Up (Michelangelo Antonioni, 1967) pour Blow Out qui démarque même le titre, et adapte deux séries télévisées à succès: Les Incorruptibles (The Untouchables) en 1987, avec une scène de landau dans les escaliers inspirée du Cuirassé Potemkine (Bronenosets Potyomkin, 1926); puis Mission: Impossible en 1996, qui comprend quant à lui une scène de cambriolage empruntée à Topkapi (1964) de Jules Dassin. 

Woton's Wake (1962)

Dès ses tous premiers films, notamment son court-métrage Woton's Wake, il commence à piocher chez Bergman et Le Septième Sceau, ou Fellini avec Huit et Demi... Plus tard, Phantom of the Paradise, satire baroque de l'industrie du disque, poussera la parodie de séquences cultes plus loin, jusqu'à devenir complètement délirant: Les Chaussons Rouges (The Red Shoes, 1948) de Michael Powell, Psychose (Psycho, 1960) d'Hitchcock ou de La Soif du Mal (Touch of Evil, 1958) d'Orson Welles notamment, sont détournées, de la même manière que le sont les classiques de la littérature fantastique, de Mary Shelley à Gaston Leroux. 

Nous retrouvons ce style de pastiche baroque dans Body Double, pendant une scène clippée sur "Relax" de Frankie Goes to Hollywood, où De Palma incruste un personnage féminin imitant Gloria Swanson dans Boulevard du Crépuscule (Sunset Boulevard, 1950) de Billy Wilder. Femme Fatale est un clin d'œil à un autre chef-d'œuvre de Wilder, référence en la matière du film noir: Assurance sur la Mort (Double Indemnity, 1944). Le film de De Palma s'ouvre précisément sur les images du film de Wilder dans une télévision. Plus tard dans le film, le personnage de Laure répétera des lignes du texte de Barbara Stanwyck.

Femme Fatale (2001)

Mission to Mars (2000)

Après Mission To Mars (2000), où l'on retrouve la centrifugeuse de 2001, L'Odyssée de l'Espace (2001, A Space Odyssey, 1968), De Palma prendra le morceau "Sarabande" d'Haendel magnifiquement utilisé par Stanley Kubrick dans Barry Lyndon (1976), pour illustrer des images d'un faux-reportage dans Redacted (2008), ce qui sera perçu comme une faute de goût à sa sortie. De Palma s'est toujours amusé à détourner ses classiques, à se réapproprier des scènes célèbres. Mais s'il est amusant de repérer tous ces éléments plus ou moins connus dans ses films, c'est surtout très intéressant de les voir avec sa mise en scène neuve, et la vision tout à fait personnelle qu'il propose. Dans Le Dahlia Noir, De Palma se sert du film L'Homme Qui Rit (The Man Who Laughs, 1928) de Paul Leni (1928) pour montrer le personnage de Gwynplaine, le héros de Victor Hugo à la bouche-cicatrice joignant une oreille à l'autre

Mais en dehors de toutes ces références, Brian De Palma est surtout connu pour être un fidèle disciple d'Alfred Hitchcock, dont les célèbres films à suspense ont déclenché la passion du cinéma chez De Palma. Il n'hésite même pas à utiliser les célèbres violons torturés de Psychose, tels quels, dans Carrie. Si cela prête d'abord à sourire, force est d'admettre que le mariage avec les fameuses scènes de télékinésie est réussi. Ce qui éloigne Brian De Palma du simple plagiaire est qu'il apporte une personnalité. Une fois l'héritage de ses maîtres assimilés, il les emprunte pour créer quelque chose de nouveau. Même son remake modernisé de Scarface est un film très différent de l'œuvre d'Howard Hawks, dont il n'a gardé que la trame principale, s'éloignant complètement de l'adaptation fidèle. 

The Man Who Laughs de Paul Leni,

dans Le Dahlia Noir (2005)

Les Incorruptibles (1987)

Par la suite, Brian De Palma a lui-même produit une énorme influence sur la nouvelle génération de cinéastes: Quentin Tarantino, Luc Besson, les frères Coen, Eli Roth, Danny Boyle, John Woo ou David Fincher, par exemple. Mais aussi Dario Argento, auquel De Palma a de temps en temps emprunté sans le revendiquer, et, bien que leurs thèmes soient assez différents, il y a quand même pas mal de rapports entre David Cronenberg et la période fantastique de De Palma. D'ailleurs, son film Scanners (1980), par son sujet et sa violence graphique (la désintégration de corps), rappelle fortement Furie (The Fury, 1978).

Romain Desbiens

 

Affiche de Carrie (1976) derrière Marilyn Chambers,

dans Rage (Rabid, 1977) de David Cronenberg